© Jean-Philippe Paul

Deux milliards de mésanges – étape#19

Des mésanges charbonnières ont perdu un poussin dans le jardin. L'émotion fait place aux questions sur les raisons du drame... Est-ce vraiment si injuste ?

Des mésanges charbonnières ont perdu un poussin dans le jardin. L'émotion fait place aux questions sur les raisons du drame... Est-ce vraiment si injuste ?

"Oh le pauvre, c'est injuste !"... La réaction des enfants est spontanée et je pense qu'elle est universelle devant le corps sans vie d'un bébé oiseau tombé du nid. Alors que nous évoquons la tristesse supposée des parents mésanges et les conséquences de ce fait divers très local, je sens comme une incompréhension générale quand je prononce ces quelques mots maladroits : "c'est normal, c'est prévu".

Pour défendre la nature face à ce petit tribunal émotionnel tout à fait légitime, je propose une leçon de calcul. Nous avons cinq couples de mésanges dans le jardin dont quatre de charbonnières et un de bleues. Remontons en 2009, année où nous avons créé et habité ce jardin. Considérons que cette année-là, cinq couples de mésanges ont pondu une douzaine d'œufs et que dix oisillons ont éclos. Le tout, deux fois car elles font souvent deux nichées. Résultat, naissance de 100 oisillons auxquels ont ajoute les dix parents géniteurs. Nous voici avec 110 mésanges en été. Dans un monde sans drame, cette petit troupe aurait formé en théorie 55 couples à l'origine de 1100 poussins dès le printemps suivant. Les héritiers seraient 13310 en 2012 puis déjà 1.6 millions au printemps 2014, la mort de vieillesse des 10 mésanges originelles n'y changeant pas grand chose. Aujourd'hui, huit ans plus tard, les descendants de ces cinq premiers couples du jardin seraient plus de deux milliards si la nature ne jouait pas l'arbitre ! Que seraient devenus les papillons si cette horde de voraces passereaux avait décimé leurs chenilles ?

Nous concluons vite à l'horreur d'un tel scénario mais nous ne sommes pas très à l'aise pour autant avec la façon dont cette sélection s'opère. Il y a des œufs qui n'éclosent pas, des poussins qui meurent de faim, des nichées entières éjectées par des concurrents, des parasites, des maladies, des éperviers agiles, des vitres pièges, de nombreux chats domestiques, des coups de froid, des produits chimiques etc. En théorie, il doit toujours rester cinq couples de mésanges au printemps. Mais tout cela ne tient qu'à un fil et quand un de ces facteurs change, c'est un déséquilibre momentané ou plus profond qui survient. Entrainant une simple fluctuation des effectifs ou une tendance durable au déclin ou à l'augmentation.

Le 1er juin 2017 - étape#19

Retrouvez notre dossier Mésange mi-démon.

Deux milliards de mésanges - La Salamandre
Etape 19 de Mon voyage au jardin. / © Jean-Philippe Paul

Suivez chaque semaine l'itinéraire de ce voyage plein de surprises 100 % nature entre le jardin et le pas de la porte. Chaque fois, c'est une observation véritable, datée, localisée et illustrée dans ce carnet de route.

Retrouvez l'étape #18 Frisson garanti au rayon fraises

Une semaine sur deux, Mon voyage au jardin est envoyé par e-mail aux abonnés de la rubrique.

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur