Les bousiers de retour dans une réserve naturelle du sud-ouest de la France
Dans les Landes de Gascogne, des bousiers ont été réintroduits. Ces scarabées jouent un rôle clé dans la dispersion de la matière organique.
Dans les Landes de Gascogne, des bousiers ont été réintroduits. Ces scarabées jouent un rôle clé dans la dispersion de la matière organique.
Les lâchers ne concernent pas que les grands animaux emblématiques. Dans la réserve naturelle nationale de l’étang de Cousseau, en Gironde, 30 couples de bousiers ont été réintroduits fin avril. Ce projet a été soutenu par Rewilding Europe, une organisation à but non lucratif qui œuvre au réensauvagement.
« L’espèce a probablement disparu dans les années 1960, en même temps que les vaches marines landaises avec lesquelles elle coévoluait », explique Cyril Forchelet, chargé de mission dans cet espace protégé. Ces bovins ont été quasi exterminés suite au déclin du pastoralisme et aux plantations de pins maritimes. Le dernier cheptel a été sauvé en 1987 et une trentaine d’individus broutent désormais dans la réserve afin de garder le milieu ouvert. Le pâturage et le piétinement évitent que les pinèdes ne gagnent du terrain. « Les vaches ont permis le retour d’une biodiversité de landes et de marais, car ces ruminants ne font l’objet d’aucun traitement sanitaire. La faune autour des bouses est donc très riche », précise Cyril.
En 2022, 29 espèces de bousiers ont été recensées dans la réserve. « On a aussi observé la présence de prédateurs de ces insectes, comme le staphylin bourdon ou la pie-grièche écorcheur », précise le scientifique. Dans la famille des bousiers, les espèces ont différentes façons de se nourrir des déjections : manger directement la bouse, creuser des tunnels dans celle-ci ou, plus inventif encore, créer et rouler des boules d’excréments appelées pilules. Ces spécialistes baptisés piluliers avaient disparu de la réserve.
Pour identifier la bonne espèce à introduire selon l’historique du bousier en Gironde, les gestionnaires ont mené des recherches en lien avec Jean-Pierre Lumaret et Jean-Bernard Huchet, respectivement chercheurs au Centre national de la recherche scientifique et au Muséum national d’histoire naturelle.
L’heureuse élue, Scarabaeus laticollis, roule des pilules avant de les enterrer dans des chambres d’élevage où les œufs seront pondus. Elle participe ainsi à la fertilisation des sols en dispersant la matière organique.
Pour accueillir ces drôles d’artisans, l’équipe de scientifiques a veillé à trouver une grande clairière sèche et sableuse, avec une végétation peu dense, qui n’est pas inondée en hiver, et qui est surtout régulièrement fréquentée par les vaches marines. « Pour s’assurer du succès de l’opération, nous avons marqué les individus relâchés », ajoute Cyril. Cette identification permettra d’étudier l’installation et la dispersion de ces coléoptères vers de nouveaux sites. « Les premières observations sont encourageantes, avec des individus vus en train de rouler des pilules. » Un deuxième lâcher aura lieu l’an prochain afin de renforcer la population.
“Pour s’assurer du succès de l’opération, nous avons marqué les individus relâchés.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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