© Eric Delgado

Balade sous l’aile du vautour

A deux coups d'aile de l'Espagne, l'accent méditerranéen chante au cœur des Pyrénées. Grimpette au Pic du Pibeste à l'ombre des plus imposants rapaces de France.

A deux coups d'aile de l'Espagne, l'accent méditerranéen chante au cœur des Pyrénées. Grimpette au Pic du Pibeste à l'ombre des plus imposants rapaces de France.

La rencontre avec le vautour est de celles que l'on n’oublie pas. On le dit laid, répugnant, repoussant. Ceux qui le jugent ainsi ont-ils déjà eu la chance de le voir monter vers les cieux, soulevé par l'air chaud de l'été ? Ont-ils écouté le silence du planeur, dont les rémiges pareilles à des doigts caressent le ciel ? Dans ce silence-là repose la beauté du vautour fauve, du gypaète, du percnoptère.

Vue depuis le Pibeste / © Fleur Daugey

Fief de l'à-pic

Le long des flancs du Pibeste, ils sont tous là. Le versant sud de ce pic des Hautes-Pyrénées situé à quelques kilomètres de Lourdes leur offre dès le matin la formation d'ascendances thermiques, ces colonnes d'air qu'ils empruntent pour se déplacer sans effort de crête en crête. Ils suivent alors les troupeaux de vaches et de brebis sur les flancs de l'Hautacam ou du Soulor. Quand la mort emporte une bête, ils daignent alors descendre à terre pour effacer les traces de la faucheuse.
Le nez en l'air, on aperçoit à tous les coups le vautour fauve, dont les falaises de la réserve abritent 21 couples nicheurs. Le ciel pyrénéen accueille aussi Marie Blanque, nom béarnais du percnoptère attribué en hommage à sa livrée immaculée. Mi-septembre, le plus petit de nos vautours abandonne les montagnes pour rejoindre les savanes africaines.
Pour admirer le gypaète barbu, il faudra s'armer de patience, et faire appel à la chance. Le plus rare et le plus imposant de ces indispensables charognards reste farouche et sensible au dérangement. Heureusement, le casseur d'os n'a jamais déserté les Pyrénées comme il l'a fait dans les Alpes. Mais la survie de la cinquantaine de couples que compte le massif des deux côtés de la frontière demeure incertaine.

Pépite méditerranéenne

Une randonnée au Pibeste cache bien d'autres trésors que ceux des nues. L'exposition du versant sud en fait une terre unique en son genre dans toutes les Pyrénées : un îlot où s'épanouit une flore méditerranéenne que l'on ne s'attend pas à rencontrer en montagne. Tomber nez à nez avec l'œillet de Montpellier, à l'odeur légèrement poivrée, procure une extase olfactive incomparable. Les prairies se muent en garrigue avec leurs effluves de serpolet, le thym sauvage. On se croirait dans le midi avec le pistachier térébenthine, dont l'essence du même nom est issue. Ici aussi, il s'associe aux chênes vert et pubescent.
Le chemin, peu connu des touristes, offre une mosaïque de paysages où l'ennui n'a pas sa place. Des pelouses torrides sous le soleil d'août à la fraîcheur de la hêtraie, le randonneur monte vers un point culminant où l'attend une vue exceptionnelle. Là-haut, il posera encore le regard sur le dos moiré du vautour.

Rocs vagabonds

Le Pibeste est un massif calcaire. Alors d'où viennent les rochers de granit que l'on croise au cours de la balade ? C'est un glacier qui a charrié ces blocs erratiques depuis les massifs granitiques situés 30 km plus loin. C'était lors de la dernière ère glaciaire, il y a 20'000 ans. Long de 70 km, le fleuve de glace occupait alors toute la vallée du gave de Pau. Si un randonneur s'était trouvé sur le sentier actuel, il aurait eu 200 m d'épaisseur de glace sous les pieds et 500 sur la tête. Les blocs erratiques sont issus d'éboulements des parois des cirques glaciaires. Ils naviguent alors à dos de glacier et participent de son action érosive. Lors de la fonte, la masse gelée a disparu mais eux sont bien évidemment restés sur place.

Rochers de granite posés sur le massif calcaire du Pibeste. / © Damien Lapierre

Itinéraire

Sentier de la Serre-Lascary

Agos > Pic du Pibeste > Agos

durée: 5h00

  • Du fond du parking, rejoindre la route qui monte au village.
  • Sur votre gauche un escalier s’élève et un petit chemin boisé vous mènera à l’entrée de la réserve (1).
  • Dans le bois, à l’intersection, prendre à droite vers la grange de Lascary.
  • Après la grange, continuer sur votre droite jusqu’à une partie de replat puis le sentier reprend de la pente et va retrouver les pâturages d’Ayzi (2).
  • De La Coste 1100, on remonte assez directement avant de s’engouffrer dans la hêtraie. Rester attentif car le tapis de feuilles camoufle parfois le sentier.
  • Arrivé au pied du bâtiment sommital, un escalier mène vers les terrasses (3).
  • Descendre par le même itinéraire jusqu'au croisement des deux sentiers et continuer par la forêt aux Escalas (4).

Grange de Lascary

Agos > Grange de Lascary> Agos

durée: 2h00

Suivre le même itinéraire jusqu'à la grange de Lascary (2), puis revenir en arrière avant de redescendre par la forêt aux Escalas (4).

Accès en transports publics

Arriver en train à la gare de Lourdes puis prendre le bus direction Agos-Vidalos et descendre à l'arrêt Le Soleil du Pibeste. Revenir au rond-point pour accéder à l'aire de la Porte des vallées des gaves. Horaires sur transports-maligne.fr

Hébergement, tuyaux gourmands

Les Terres Nères, à Aucun. Gwénaëlle Plet, notre guide, vous accueille avec chaleur. Labellisé WWF Panda, son gîte peut loger 9 personnes. +33 5 62 97 44 33.

Camping Le Soleil du Pibeste, à Agos. Emplacements tentes et caravanes, chalets, mobil-home et piscine. Tout près du début de la balade. +33 5 62 97 53 23.

Hôtel-restaurant Chez Pierre, à Agos. Conseillé aussi bien pour ses chambres que pour sa table. Cuisine de terroir. +33 5 62 97 05 07.

Règles d'or et conseils

  • La grande boucle compte un dénivelé de 950 m, à réserver aux bons marcheurs.
  • Prévoir suffisamment d'eau. Il peut faire très chaud en été sur le parcours et les ruisseaux sont inexistants.
  • Le sentier longe le quartier des Granges d'Ambat, dont les terrains sont privés. Ne pas y pénétrer sans autorisation.

Ailleurs dans la région par Gwénaëlle Plet

Gwénaëlle Plet

Gwénaëlle Plet est née en Bretagne. Passionnée de montagne, elle a quitté le littoral depuis longtemps. Elle accueille les amoureux de nature et de randonnée dans son gîte des Hautes-Pyrénées. Cette accompagnatrice en moyenne montagne s'intéresse rapidement à l'éducation à l'environnement et devient éco-interprète. Chargée de communication du Programme Pyrénées Vivantes pour la LPO depuis 2003, elle se fait l'avocate des rapaces en général et des vautours en particulier. Cette naturaliste prend aussi la plume pour écrire des contes, qu'elle raconte aux enfants sur le terrain. « Je participe au rendez-vous des cimes, qui a lieu chaque été dans 25 refuges pyrénéens. L'occasion de sensibiliser les randonneurs à la biodiversité de nos montagnes autour de soirées contes, de projections et autres animations. » Programme : pourdespyreneesvivantes.fr

A) Saluer les voyageurs « L'été est une période bénie pour assister à la migration des oiseaux au col du Soulor. Le spectacle commence mi-juillet avec le départ des milans noirs. Puis la bondrée apivore et la cigogne blanche leur emboîtent le pas début août. On observe aussi faucons, balbuzards et les fameuses palombes, le nom donné au pigeon ramier dans le Sud-Ouest. Les grues cendrées ferment la marche fin novembre. » pourdespyreneesvivantes.fr

Le Pic du Midi d'Arrens en Val d'Azun / © Fleur Daugey

B) Se faire siffler par les marmottes « Pour les fondus de marmottes, rien de tel qu'une virée dans le vallon du Bouleste, au-dessus du village d'Arrens-Marsous. Plusieurs colonies sont installées sur la prairie alpine. Belles observations garanties. »

C) Admirer les cascades « Accessible en navette depuis Cauterets (aussi accessible en bus), le Pont d'Espagne est une attraction courue. Ses cascades sont impressionnantes et le site est le départ de nombreux sentiers de randonnée. »

D) Botaniser à l'envi « Le cirque de Gavarnie est un site géologique grandiose. Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce massif calcaire est remarquable pour sa flore et abrite plusieurs espèces endémiques des Pyrénées. Accessible en bus. »

E) Relier nature et culture « Jusqu'à fin mai 2014, en partenariat avec la LPO notamment, le Muséum d'Histoire naturelle de Bigorre accueille l'exposition « Becs et Ongles », consacrée aux relations qu'entretiennent hommes et rapaces. » Programme d'animations autour de l'événement : becsetongles.fr

F) Vivre la transhumance « Le 1er septembre, le berger Stéphane Iriberri et ses 600 brebis quittent le lac d'Estaing pour rejoindre la région bordelaise. Nombreuses animations tout au long du trajet. » laroutedelatranshumance.com

Et encore...

Découvrez le récit des photographes David et Stéphanie Allemand, qui ont rencontré et photographié le vautour fauve.

Les photographes Antoine Rezer et Jean-Luc Danis ont quant à eux photographié le gypaète, résultat dans un livre fascinant.

Couverture de La Salamandre n°217

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 217  Août - Septembre 2013
Catégorie

Balades

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