Vous avez dit sauvage?
L'étonnant destin du site des Sources à Bordeaux a inspiré le réalisateur Fabien Mazzocco. Proposé par La Salamandre, son dernier film est un voyage initiatique au cœur de la nature.
L'étonnant destin du site des Sources à Bordeaux a inspiré le réalisateur Fabien Mazzocco. Proposé par La Salamandre, son dernier film est un voyage initiatique au cœur de la nature.
Fabien Mazzocco, comment est né le film « Vous avez dit sauvage ? » ?
Basée à Bordeaux, l'association Cistude Nature m'a mandaté pour réaliser un film sur un territoire de 238 hectares à la destinée très particulière. Le site des Sources a été protégé de toute urbanisation grâce aux importants captages d'eau douce qui s'y trouvent. C'est une mosaïque de milieux naturels d'une extraordinaire diversité, très belle rivière, divers types de prairies et de forêts sèches ou humides... le tout complètement encerclé par le développement de la banlieue. Jusqu'il y a peu de temps, ce territoire partiellement interdit au public était géré comme un parc urbain, les branches mortes nettoyées, les prairies tondues toutes les deux semaines. Mais tout a changé !
Vous voulez dire que la nature a repris ses droits ?
En 2008, grâce au lobbying de Cistude Nature, les élus et la Lyonnaise des Eaux ont accepté de revoir complètement la gestion de ce site. Adieu gyrobroyage et tondeuses. Désormais, tout serait fait pour favoriser une nature sauvage. Un plan de gestion a même été mis en place pour suivre les résultats de cette révolution. C'est cette belle histoire que l'on m'a proposé de raconter à travers un film.
Un film de commande, avec une approche institutionnelle ?
C'était le risque en effet, mais on m'a laissé une totale liberté. A cette époque, j'étais en train de relire les livres du philosophe François Terrasson, notamment La peur de la nature . Sa pensée m'a beaucoup inspiré. J'ai imaginé que cela pourrait devenir le fil rouge du film. Ainsi est né « Juste après la ville », un documentaire de 52 minutes qui nous interroge sur notre relation à la nature.
Ce n'était pas encore « Vous avez dit sauvage ? »...
En effet, ce premier film donnait une part belle à la problématique spécifique de Bordeaux avec des interviews des élus locaux. Mais l'essentiel y était avec l'approche très rationnelle de quelques naturalistes en pleine prospection... et d'un autre côté une vision totalement sensible et émotionnelle incarnée par une voix off. Cette voix livre les pensées d'une citadine qui découvre le sauvage avec étonnement. Toujours plus profondément...
Notre film a plu à La Salamandre qui nous a proposé de nous en inspirer pour réaliser un nouveau documentaire un peu plus court, mais à valeur plus universelle. Ainsi est né « Vous avez dit sauvage ? », qui a été présenté en avant-première au Festival Salamandre samedi 19 octobre.
Qu'est-ce qui vous a le plus impressionné dans ce retour du sauvage sur le site des Sources ?
Auparavant, on taillait les arbres et on rasait l'herbe de près pour que la nature paraisse propre. C'était conforme à l'idée de produire une eau potable devant alimenter 40% de l'agglomération bordelaise.
Inspirés par le Grenelle de l'environnement, les élus n'ont pas seulement modifié les règles du jeu sur le terrain. Ils ont radicalement changé jusqu'à l'image qu'ils se faisaient de la nature. Désormais, on valorise la prairie fleurie, la friche et l'arbre mort. Adieu « propreté », bonjour biodiversité! Leur décision courageuse a eu des conséquences très spectaculaires en quatre ou cinq ans seulement. Reste à espérer que cette expérience réussie suscitera ailleurs d'autres belles reconversions.
Les papillons répondent présent
Christophe Coïc, le directeur de l'association Cistude Nature, a mis trois ans pour convaincre les élus de revoir complètement la gestion du site des Sources. Mais cela en valait la peine. « Intensivement tondues pendant des décennies, les prairies n'avaient heureusement jamais été retournées. Il y avait un potentiel super important. Plusieurs papillons rares et protégés ont été très vite revus. Sans doute avaient-ils subsisté en très faibles effectifs, par exemple le long des lisières. » Parmi ces espèces menacées, le joli petit azuré du serpolet, ainsi nommé parce que sa plante hôte est le serpolet ou l'origan. La chenille de cette espèce a la particularité extraordinaire de squatter un nid de fourmis. « En quatre ans, ses effectifs ont explosé. »
Fabien Mazzocco
Réalisateur indépendant de films nature. Travaille notamment pour l'association Cistude Nature et le Festival international du film ornithologique de Ménigoute près de Poitiers.
Rendez-vous ici pour voir la bande-annonce ou commander le DVD Vous avez dit sauvage? de Fabien Mazzocco.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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